La modernisation des établissements hospitaliers orléanais a entrainé de fait, l’abandon des hôpitaux de La Source et de l’hôpital Porte-Madeleine. Ce dernier situé au centre-ville, classé monument historique, a été racheté en juillet 2017 par la ville d’Orléans, via la SEMDO, aménageur de la ville. La reconversion de cet hôpital est l’objet d’enjeux à la fois sanitaires, sociaux, politiques, économiques et culturels. Une MSP, un nouveau campus universitaire, un jardin public vont notamment voir le jour en ce lieu. Quant à la partie Hôtel Dieu, on parle d’un hôtel de luxe qui devrait s’y installer. Cependant, les exemples de reconversion réussies en France ont en commun le respect du passé hospitalier et l’ouverture sur la ville. Gageons que ce sera le cas à Orléans.
Dans l’ancien Hôpital Porte-Madeleine la plupart des monuments, stèles ou plaques commémoratives, dénominations diverses sont encore en place et doivent être protégées et sauvegardées. La plupart recensent les donations de bienfaiteurs des hospices, portent le nom d’administrateurs et de directeurs qui ont compté pour l’institution. Elles évoquent également les noms de bâtiments et leurs dates de construction, l’appellation d’anciennes salles de malades…. Malheureusement les explications sont brèves car l’emplacement pour les commentaires est limité.
Nous en dressons ici la liste principale afin que chaque cas soit étudié par les partis concernés, pour leur sauvegarde à venir.
Plaque Théophile CHOLLET
Cette plaque rappelle que Théophile CHOLLET, député du Loiret en 1924 et maire d’Orléans de 1925 à 1929, est intervenu pour aménager un pavillon pour les contagieux. Ce service fut inauguré par lui le 23 Mai 1927. Cette plaque était fixée sur un des bâtiments le long de la rue Croix de Bois, ancienne 5ème Division du Quartier des aliénés. L’ensemble de ces bâtiments étant voués à la démolition, il était urgent d’intervenir.
L’APHO a contacté très vite la SEMDO afin que cette plaque soit déposée avant la destruction du pavillon concerné. L’association l’a récupéré et l’a remise au CHR d’Orléans en octobre 2019. Nous remercions la SEMDO (aménageur de la ville d’Orléans) notamment Jean KARM, directeur général et Pascal DEMAISON, chef de projets ainsi que la société CESAM pour leur aide précieuse. Ils ont permis la dépose et la conservation de cette plaque.
Plaque Annexe PETIT
En 1949, l’ancienne Pension LANDRE, sise au n°40 rue Porte Madeleine, devint annexe du centre hospitalier régional d’Orléans et les administrateurs de l’hôpital lui donnèrent le nom d’Annexe Georges PETIT.
Cette plaque commémorative a été apposée en 1954 sur le bâtiment nord en fond de cour, au-dessus de l’entrée principale du pavillon. Le Docteur Georges PETIT est né en 1860 à Orléans ; il fit ses études à Paris. Volontaire comme officier de santé durant la grande guerre, il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1916 puis officier en 1950. Ce fut après la guerre qu’il consacra tout son temps aux Hospices Civils d’Orléans jusqu’à sa mort en 1954. Il habitait Orléans au 105 rue de Coulmiers.
La vente de l’Annexe Petit est en cours. La dépose de la plaque a été effectuée par les services techniques de l’APHO, le 10 septembre 2020. La plaque est désormais stockée au dépôt muséal du CHR d’Orléans.
Plaques des noms des médecins, chirurgiens et bienfaiteurs des hospices.
Ces plaques en marbre sont situées dans les montées d’escalier est et ouest de l’Hôtel-Dieu. Elles restent à leur emplacement actuel.
Stèle Henri Le VISTE
C’est l’épitaphe d’Henri Le VISTE, qui se trouvait dans l’ancien Hôtel-Dieu.
Elle est située sous un passage couvert, à l’ouest de la cour d’entrée principale de l’Hôtel-Dieu (cour anciennes urgences).
Elle rappelle qu’en 1492, Henri Le VISTE, sous doyen de Sainte-Croix, avait cédé à l’Hôtel- Dieu, ses terres et son château de Gidy pour fonder une apothicairerie (1492). Elle avait été translatée et fixée en cet endroit en 1846, peu de temps après l’ouverture du nouvel Hôtel-Dieu. Cette stèle a été restaurée en 2020 par la SEMDO et restera en ce lieu.
Plaque Georges CARRE
Elle est située à gauche de la porte d’accès au bâtiment de l’ancienne direction générale du CHR. Elle a été fixée en ce lieu sous l’impulsion de Jean Pierre SUEUR, maire d’Orléans et président du conseil d’administration, avec le soutien de Jean-Paul GUERIN (directeur général) sous l’œil avisé de son fils Jean CARRE. Elle évoque la carrière de Georges CARRE, directeur général durant 29 ans et résistant. Georges CARRE faisait parti du comité clandestin de Libération-Nord pour Orléans. Ce comité comprenait également le docteur Jean GROBOIS, le docteur Pierre CHEVALLIER, Roger SECRETAIN, l’étudiant FOUGEROUSSE, l’instituteur Clotaire JAHIER, et le professeur Paul SOUGY. Durant la seconde guerre mondiale, le groupe Libération-Nord du Loiret se chargea de l’accueil des évadés, de renseignements, de la fabrication de faux papiers, puis s’orienta rapidement vers le domaine militaire avec la constitution d’un corps franc et de quelques maquis. Les réunions du comité avaient lieu dans l’appartement de fonction de Georges CARRE. Ce dernier a été arrêté par la gestapo, torturé puis relâché car il dirigeait l’hôpital et les allemands avaient besoin de lui. En effet, tout l’Hôtel-Dieu était occupé par l’armée allemande.
La sauvegarde de cette plaque est en cours.
Plaque Galerie DELAMARRE
Cette plaque porte le nom de Mr DELAMARRE, ancien Receveur Général du Loiret, bienfaiteur de l’Hôtel-Dieu (don de 20000 francs) à la date du 3 décembre 1850.
Elle est située au 1er étage de l’Hôtel-Dieu au-dessus de la porte d’accès de l’ancien service d’ophtalmologie. Cette plaque reste en cet endroit.
Plaques Fondation MASSON DE VERNOU
Mademoiselle Flore, Françoise, Anathasie MASSON DE VERNOU décédée en 1876 avait fait un legs aux Hospices Civils en 1873, qui servit à construire les bâtiments de part et d’autre de la chapelle Saint-Charles.
Le service Vernou, service pour personnes âgées, était situé au 1er étage, au nord-est de l’hôpital général.
Deux plaques de marbre, fixées dans les deux cours, situées au sud de la chapelle, en indiquent l’origine. (Anciennes cours intérieures hommes et femmes de l’hospice de vieillards). Ces plaques restent en place.
Les salles de l’Hôtel-Dieu
Lors des travaux de curage récents des différentes salles, d’anciennes dénominations recouvertes de plâtre sont réapparues comme la salle Saint-Lazare située au 1er étage de l’Hôtel-Dieu (ancienne chirurgie hommes jusqu’en 1975, puis chirurgie infantile de 1979 à 1986, et enfin médecine aigüe gériatrique)
La dénomination de la salle Saint-Paul (ci-dessous), ancienne médecine interne 3, a toujours été visible dans le passage du cloitre ouest, autour de la cour d’honneur. Autrefois cette salle était dédiée à la chirurgie militaire, puis en 1957, s’installa la radiothérapie jusqu’en 1975.
La salle Froberville porte le nom de deux bienfaitrices de l’Hôtel-Dieu : Melle Adelaïde HUET de FROBERVILLE et sa sœur Amélie HUET de FROBERVILLE qui descendaient d’une ancienne famille originaire du Blésois. Cette salle, située au rez de chaussée sud de l’Hôtel-Dieu est devenue en 1988 la Médecine interne II. Autrefois, c’était la salle de la communauté des sœurs Augustines, devenue ensuite la bibliothèque médicale.
On découvre çà et là d’autres inscriptions que nous ne pouvons pas toutes énumérer.
1ère vue à gauche : dénominations des anciennes salles de l’hospice des vieillards (bâtiment ouest de la partie hôpital général)
Vue centrale : Ernest ROUX a donné son nom à cette pension. Né en 1950, il était un antiquaire parisien réputé. A la mort de sa femme, le 22 mars 1915, il légua sa fortune aux Hospices Civils d’Orléans.
Vue de gauche : La signature du sculpteur Vital DUBRAY(1813-1892) apparait sur une des sculptures de la chapelle. Ces sculptures, déposées en 1989, ornaient le fronton de la chapelle Saint-Charles. Ces statues sont depuis à l’abandon et entreposées à ciel ouvert dans la cour la plus occidentale de l’hôpital, près du pavillon Sainte-Anne. C’est à ce même sculpteur que l’on doit les bas-reliefs du piédestal de la statue de Jeanne d’Arc, place du Martroi à Orléans.
Cet écrit n’a pas de valeur historique absolue. Il donne des indications et recense tout simplement la plupart des stèles, plaques et inscriptions principales basées sur le site de l’ancien hôpital Porte Madeleine afin de mieux les protéger et les sauvegarder. C’est notre devoir de mémoire.
Source : Archives hospitalières, archives de l’aumônerie et APHO.
© philippe minster/apho/janvier 2019